Histoire de Sri Chinmoy sur la gratitude
Sri Chinmoy et la gratitude
La gratitude a une signification très particulière pour Sri Chinmoy. En effet, c’est pour lui la qualité la plus importante dans la vie du chercheur de Vérité. Car c’est l’outil le plus puissant pour ouvrir le cœur spirituel et nous conduire au divin.
Le cœur spirituel est le centre de l’être et le siège de l’âme. C’est lui qui fait le lien entre l’âme, étincelle du divin, et notre conscience encore assoupie. La gratitude est ce sentiment merveilleux de reconnaissance d’une vérité plus haute. Comme le dit Sri Chinmoy : « Que puis-je donner à Dieu en retour, pour Ses Dons précieux, la Compassion et le Pardon ? Je peux Lui offrir ma vie d’aspiration et mon cœur de gratitude. »
Cette histoire de Sri Chinmoy est à nouveau tirée du livre « The Moghul Emperors« , la voici.
La profondeur de la gratitude et la hauteur de l’ingratitude
Akbar voulait voir deux créatures : les êtres les plus ingrats et les plus reconnaissants sur terre. Il demanda donc à Birbal de lui présenter, le lendemain matin, la créature la plus ingrate et la créature la plus reconnaissante de la terre.
Le pauvre ministre fut jeté dans un océan de doute et d’inquiétude. Qui devrait–il choisir ? Birbal n’avait jamais perdu aucun de ses petits jeux avec l’empereur. Mais s’il ne pouvait pas amener ces deux créatures au palais le jour suivant, l’empereur serait terriblement déçu. En outre, tout le monde saurait que le ministre avait été enfin battu à ce jeu et que, peut–être, l’Empereur nommerait quelqu’un d’autre pour le remplacer. Birbal réfléchit et réfléchit, et enfin il décida qui il amènerait à l’Empereur.
Le lendemain, il demanda à son gendre de venir avec lui au palais et il amena également son propre chien. Mais quand il entra en présence d’Akbar avec son chien, Akbar se mit en colère. « Tu es fou », cria–t–il. « Pourquoi amènes–tu ton chien dans mon palais ? »
« S’il vous plaît attendez, Votre Majesté », déclara Birbal.
« Je t’ai dit de m’amener les êtres les plus reconnaissants et les plus ingrats de la terre », dit l’Empereur. « Je ne vois qu’une seule personne et ce chien. Maintenant, comment vas–tu satisfaire le souhait que j’ai exprimé hier ? »
« Votre Majesté, voici mon gendre », expliqua Birbal. « Peu importe ce que je lui donne – des milliers de roupies, des vêtements, des meubles, n’importe quoi – il n’est jamais reconnaissant. Au contraire, il ressent toujours qu’il mérite plus… Il ressent qu’il m’a fait la plus grande faveur possible en épousant ma fille. Tous les gendres pensent que quand ils épousent la fille de quelqu’un, ils lui font une énorme faveur. Alors naturellement ils méritent tout de lui… Ainsi vous voyez, je lui ai donné ma fille la plus chère, mon argent, ma maison, mon prestige, tout, et il n’est toujours pas satisfait. Il ne sera jamais reconnaissant.
« Regardez ce chien. Je ne lui donne pratiquement rien – juste un peu de nourriture (et parfois j’oublie même de le lui donner) et un plancher pour dormir. Mais combien il est reconnaissant, fidèle, dévoué. Ainsi, tout le temps il reste devant ma porte, désireux de me protéger. Si quelqu’un voulait commettre un vol ou me blesser, il aboierait, mordrait et chasserait le coupable. Tous les chiens sont comme ça. Donnez–leur un bout de pain et ils sont prêts à mourir pour vous. Regardez la gratitude du chien. C’est la différence entre l’être le plus ingrat et l’être le plus reconnaissant. »
Alors Akbar s’écria : « Pourquoi devrions–nous garder cet être ingrat sur terre ? Ton gendre doit être immédiatement tué. Tous les ingrats devraient être tués ! »
Mais le ministre répondit rapidement : « Pourquoi seulement mon gendre, si mon gendre doit être tué, alors tous les gendres doivent être tués, car ils sont tous ingrats à peu près de la même manière. »
« Oui », acquiesça Akbar, « Tous les gendres doivent être tués, puisque tous les gendres tombent dans la même catégorie. Alors ils doivent être tous tués ! »
L’empereur était sur le point d’ordonner que tous les gendres soient amenés au palais et exécutés quand le ministre dit : « Attendez, Majesté. »
« Pourquoi ? », demanda l’Empereur.
« Vous êtes aussi le gendre de quelqu’un », déclara le ministre. « Pourquoi ? Le père de la reine vit ici, dans le palais, ce qui signifie que vous devez vous aussi être tué. »
À ce moment–là, Akbar changea d’avis et personne ne fut tué.